Narcisse n’était pas narcissique : Le mythe mal compris de l’amour de soi.

Nous avons tous entendu parler du mythe de Narcisse, ce jeune homme d’une beauté exceptionnelle qui, puni par les dieux, tombe amoureux de son reflet dans l’eau et finit par en mourir. Depuis, son nom est devenu synonyme de vanité et d’égocentrisme. Pourtant, cette interprétation est un contresens.

Narcisse n’était pas narcissique. Il ne s’aimait pas trop. En réalité, il ne se reconnaissait pas. Il était perdu dans une illusion, incapable de comprendre que l’image qu’il admirait était la sienne.

Et si sa tragédie n’était pas celle d’un amour excessif de soi, mais au contraire celle d’un oubli de soi ?

Narcisse n’est pas mort d’égocentrisme, il est mort d’ignorance

Contrairement à ce que l’on croit, Narcisse ne tombe pas amoureux de lui-même. Il tombe amoureux d’une image extérieure, d’un autre lui-même qu’il perçoit comme une entité séparée. Il n’a pas conscience que ce reflet n’est qu’une projection de son être.

C’est ici que réside son véritable drame : il se cherche à l’extérieur, sans comprendre que tout est déjà en lui. Il ne peut pas saisir son propre amour, car il ne sait pas qui il est. Il reste figé dans une fascination stérile, incapable de fusionner avec la vérité de son être.

Ce n’est donc pas une histoire de vanité, mais de fracture intérieure. Une forme de schizophrénie existentielle, où l’on ne reconnaît pas ce que l’on est déjà.

Et surtout, Narcisse était incapable d’aimer, non pas par excès d’amour-propre, mais parce qu’il n’avait pas reconnu son propre amour.

On ne peut pas aimer sincèrement les autres tant que l’on ne s’est pas reconnu soi-même. On ne peut pas donner ce que l’on ne possède pas. Narcisse ne rejette pas seulement les autres, il rejette sa propre essence, incapable de voir que l’amour qu’il cherche n’est pas à l’extérieur, mais en lui.

Idéaliser son reflet, une tentative inconsciente de retrouver l’amour de soi.

Pourquoi cherchons-nous parfois à idéaliser notre reflet ? Pourquoi certaines personnes passent leur vie à sculpter leur apparence, à construire une image parfaite sur les réseaux sociaux, à rechercher sans cesse l’admiration et la validation des autres ?

Parce qu’en vérité, elles ne se reconnaissent pas.

L’idéalisation du reflet n’est pas une marque d’amour de soi. C’est une tentative de recréer artificiellement une connexion intérieure perdue.

Quand nous nous sommes éloignés de nous-mêmes, quand nous avons été brisés par le rejet, la souffrance ou l’oubli, nous cherchons à reconstruire une version idéalisée de nous-mêmes. Comme si, en façonnant cette image parfaite, nous pourrions enfin nous reconnaître, enfin nous aimer.

Mais cette quête est vouée à l’échec, car tant que nous voyons ce reflet comme un objet extérieur à atteindre, nous restons dans l’illusion de Narcisse. Nous aimons ce que les autres voient de nous et ce qu’il aimerait voir de nous…

Nous nous aimons comme un autre, comme une image lointaine, jamais comme nous-mêmes, ici et maintenant.

Idéaliser son reflet, c’est tenter de réparer une fracture intérieure avec une illusion extérieure. Mais tant que nous ne réintégrons pas notre amour de nous-mêmes à l’intérieur, nous restons piégés devant le miroir, à la recherche de quelque chose qui ne viendra jamais de l’extérieur.

Le véritable égocentrisme : se croire supérieur, pas s’aimer.

Si Narcisse était vraiment narcissique, il se serait trouvé divin, parfait, supérieur aux aautres. Il aurait développer un orgueil + (l'orgueil -, position de victime extrême).

Mais ce n’est pas le cas. Le véritable égocentrisme, ce n’est pas de s’aimer, c’est de se croire au-dessus des autres, plus digne d’exister, plus digne d’être aimé.

L’amour de soi ne consiste pas à se mirer sans fin, mais à se reconnaître sans fuite ni rejet.

Nous avons fait de Narcisse le symbole du narcissisme maladif, alors qu’il devrait être celui de la quête d’identité, du chemin vers la vraie reconnexion à soi.

J’ai vécu le mythe de Narcisse à l’envers

Pendant longtemps, je n’ai pas pu me regarder dans le miroir. Pas par vanité, pas par orgueil, mais parce que je ne m’aimais pas.

Et c’est là que j’ai compris : le mythe de Narcisse parle de séparation intérieure.

Quand on ne s’aime pas, on ne se reconnaît pas. On fuit son reflet, ou au contraire, on cherche désespérément à l’idéaliser. On oscille entre rejet et illusion. Mais l’amour de soi véritable ne passe ni par la fascination, ni par l’oubli de soi. Il passe par l’intégration.

Aimer son reflet ne signifie pas tomber dans une idolâtrie de soi. Cela signifie se voir pleinement et s’accepter, avec nos forces et nos vulnérabilités.

Aujourd’hui, je peux me regarder, car je ne cherche plus à me fuir. Je ne suis plus divisée.

Narcisse aurait pu se lever et partir

Dans le mythe, Narcisse reste figé devant son reflet. Il meurt parce qu’il est prisonnier d’une illusion, incapable d’en sortir.

L’illusion que ce n’est pas lui. Dans il-lu-sion. Il y a, il n'arrive pas à lire les ions de son essence.

Mais nous, nous avons le choix. Nous pouvons nous lever, nous reconnaître, et avancer.

Nous ne sommes pas condamnés à l’image figée dans l’eau. Nous sommes vivants, en mouvement. Nous sommes l’onde de vie, pas une image statique.

L’amour de soi n’est pas une malédiction. C’est une libération.

Et si nous arrêtions de voir Narcisse comme un avertissement contre l’amour de soi, et que nous le percevions comme une invitation à se reconnaître enfin ?

A ne pas s'oublier ?

Adeline.

Adeline PETIT

Coach de Vie, auteur et entrepreneur en intelligence émotionnelle.

https://www.phoenixadelinepetit.com
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